Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns (1877-1890)
Samson et Dalila
opéra de Camille Saint-Saëns (1877/1890)
l'opéra
Un chef-d'œuvre de l'opéra français
Opéra théâtre Saint-Étienne (juin 2008)
«Terminez votre pièce, je la ferai représenter à Weimar». C'est grâce à cette injonction de Liszt que Saint-Saëns se résolut à achever Samson et Dalila. Le maître hongrois, qui n'avait pas entendu une note de la partition, faisait là preuve d'une grande confiance, car ceux qui connaissaient les fragments déjà composés avaient découragé Saint-Saëns de poursuivre.
Liszt tint sa promesse, et l'œuvre fut créée – en allemand – le 2 décembre 1877. La création française n'aura lieu qu'en 1890 à Rouen, avant que l'Opéra de Paris n'accueille enfin ce futur pilier de son répertoire.
Le compositeur et son librettiste se sont évidemment inspirés de l'épisode biblique, en le resserrant pour des raisons d'efficacité dramatique et en idéalisant les personnages : Dalila ne livre plus Samson par cupidité, mais pour sauver son peuple et son dieu, et surtout, elle apparaît comme l'instrument du grand prêtre resté en retrait, mais assoiffé de pouvoir. La partition dément l'image d'un Saint-Saëns «sec». Le drame intérieur des personnages est peint avec beaucoup de lyrisme, mais aussi avec de la pudeur, comme en témoigne l'air de Dalila «Mon cœur s'ouvre à ta voix», et le délicat orientalisme de la célèbre bacchanale ajoute la touche de couleur locale, mais sans effets superflus. Dalila, qui est l'un des rôles les plus difficiles mais aussi les plus passionnants du répertoire, est incarnée par Marie-Ange Todorovitch, considérée par la critique comme l'une des meilleures mezzo-sopranos actuelles.
Distribution
musique : Camille SAINT-SAËNS
livret : Ferdinand LEMAIRE
direction musicale : Laurent CAMPELLONE
mise en scène : Jean-Christophe MAST
décors : Lili KENDAKA
costumes : Jérôme BOURDIN
chef de choeurs : Laurent TOUCHE
interprètes : Marie-Ange TODOROVITCH, Jean-Pierre FURLAN, Marcel VANAUD,
Jean-Pascal INTROVIGNE, Éric MARTIN-BONNET, Manuel NUNEZ-CAMELINO,
Jean-Vital PETIT, Virgile FRANNAIS
Orchestre Symphonique et Chœurs Lyriques de Saint-Étienne
- livret de l'opéra
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point de vue
J'ai vu l'ouvrage hier soir à Saint-Étienne. Excellente exécution musicale et interprétation chantée remarquable.
Mais les choix de mise en scène de Jean-Christophe Mast n'emportent pas l'adhésion :
- la désorientalisation de cet opéra au profit d'une vision totalitaire (chemises noires, bottes nazies...) retire tout son charme à l'évocation sans que la portée philosophique y gagne autre chose que la lourdeur d'une démonstration politique ;
- les choix de costume pour le grand prêtre de Dagon (manteau d'un cocher de fiacre) ou pour Samson (espèce de soutane de jésuite...) sont ridicules ; sans parler de cette assemblée de sénateurs de la Troisième République lors de la scène finale...
- le sadisme de la scène de torture et d'exécution d'un prisonnier hébreu sur une chorégraphie très "break dance" est lamentable de voyeurisme et d'un modernisme sans âme ;
- la christianisation de Samson est un contre-sens religieux : le sacrifice de sa vie que Samson implore de son dieu ne vise pas à racheter les péchés de toute l'humanité mais seulement sa lâcheté et à assouvir une ultime vengeance.
Cette mise en scène a d'ailleurs été copieusement sifflée, alors que le reste était très applaudi.
Michel Renard
professeur d'histoire
au lycée de Saint-Chamond
14 juin 2008
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Jean-vital Petit, dans le rôle du 1er philistin, à gauche
je ne partage pas votre avis
Monsieur,
J'ai lu avec intérêt votre critique de l'opéra de Saint Saens, Samson et Dallila, dans lequel je tenais le rôle du premier philistin.
Je ne partage pas votre avis sur la vision chrétienne de Samson. Les exégètes chrétiens considèrent Samson comme l'image du Christ.
C'est à partir de cela que le metteur en scène a construit cette relecture de l'oeuvre sublime et si délicate de Camille Saint Saëns.
Je vous remercie pour les compliments que vous formulez quant à la qualité musicale de cette production.
Bien à vous,
Jean-vital Petit
ténor
19 août 2008
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Camille Saint-Saëns (1835-1921)
- biographie de Camille Saint-Saëns (1835-1921) sur le site musicologie.org
Paris, 9 octobre 1835 - Alger, 16 décembre 1921
Enfant prodige extrêmement précoce, il donne son premier concert avec orchestre à onze ans et fait sensation en jouant un concerto de Mozart (dont il resta un grand interprète). Élève tout d’abord de Stamaty, il entre à 13 ans au Conservatoire, où il eut comme maître Benoist (orgue) et Halévy (composition). Nommé organiste de Saint-Merry, à Paris (1853-1857), il succède, à 22 ans, au célèbre Lefébure-Wély, l’organiste «officiel» du Second Empire, à la tribune enviée de la Madeleine. Sa réputation ne fait alors que croître, et il suscite l’admiration de Berlioz, aussi bien que de Liszt, qui le salua comme le «premier organiste du monde». C’est d’ailleurs à l’initiative de ce dernier que fut créé son opéra Samson et Dalila à Weimar en 1877. Il mène alors une carrière officielle, ponctuée par les honneurs.
Musicien aux dons multiples - il fut aussi un pianiste virtuose et un remarquable improvisateur à l’orgue - esprit curieux de tout, écrivain, caricaturiste, grand voyageur, Saint-Saëns a joué un rôle exceptionnel dans le renouveau de la musique française, par son enseignement tout d’abord (il eut comme élèves, entre autres, Fauré et Messager), et plus encore par son activité en faveur de la musique nouvelle (il fut l’un des fondateurs de la Société nationale de musique (1871), destinée à faire jouer et à diffuser la musique française). À ce titre, il peut être considéré comme un jalon essentiel du renouveau conduisant à Debussy et Ravel.
Son œuvre, très éclectique (il a abordé la plupart des grandes formes musicales), est d’un grand classicisme et d’une perfection parfois un peu formelle qui la fit longtemps taxer, assez injustement, d’académique (en France surtout) ; elle se révèle pourtant séduisante et d’une très grande qualité d’écriture.
source : diplomatie.gouv.fr
Camille Saint-Saëns (1835-1921)
- nombreuses photos et dessins de Camille Saint-Saëns sur le site gallica.bnf
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Samson et Dalila à l'opéra
L'univers illustré, 8 novembre 1890
le ténor François Gautier
(1876-1950) dit Paul Franz
dans le rôle de Samson
- reçu le 1er juillet ce message au sujet de la photo ci-dessus :
llustration ténor Franz
Tout d'abord, bravo pour votre site !
Voici une petite précision, assez anecdotique d'ailleurs...
En tant que membre de l'Upalyca (Union pour le Patrimoine du Lycée Carnot à Paris), j'ai organisé une exposition sur les musiciens anciens élèves de cet établissement dont le ténor Franz (1876-1950). La plupart des biographies de ce ténor comporte une erreur que, forcément, vous reprenez dans votre légende. Après consultation de son acte de naissance dont nous détenons même une copie, je peux affirmer qu'il s'appelait : Paul Franz Gautier. Il est né dans le 17e ardt de Paris de parents français. Pourquoi lui avoir donner un prénom à moitié allemand ?
Je ne sais pas. Mais c'était prémonitoire pour le créateur à l'opéra de Paris de Parsifal... Son nom de scène était : Franz.
En tout cas la photo est très belle !
Cordialement,
Catherine Durand
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Olga Borodina dans le rôle de Dalila (source)
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Samson et Dalila dans la Bible
- Ancien Testament, Livre des Juges, 16 : lire ce texte
- illustrations, par Gustave Doré (1832-1883)
Samson repoussant les Philistins à l'aide d'une mâchoire d'âne
Samson emportant les portes de Gaza
la mort de Samson faisant s'écrouler le temple sur les Philistins
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Samson et Dalila dans la peinture
Psautier de saint Louis, Samson et Dalila, entre 1253 et 1270, BnF manuscrit latin
Lucas Cranach l'Ancien, Samson et Dalia, 1529
Lucas Cranach l'Ancien, Samson et Dalia, 1537
Rubens, Samson et Dalila, 1609
Gerrit van Honthorst, Samson et Dalila, 1615
Giovannu Francesco Barbieri, dit Le Guerchin, Samson arrêté par les Philistins, 1619
Joseph Désiré Court (1797-1865), Samson et Dalila, 1821
Gustave Moreau (1826-1898), Samson et Dalila, 1882
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Samson et Dalila au cinéma
- la réalisation la plus connue est celle de l'américain Cecil B. de Mille (1881-1959) qui date de l'année 1949 :
Hedy Lamarr dans le rôle de Dalila
Victor Mature dans le rôle de Samson
Dalila affectant la tristesse de ne point encore connaître
le secret de la force de Samson
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liens